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SERIE: LES ERREURS A NE PAS FAIRE QUAND ON EST ARRANGEUR/REALISATEUR





1 Le niveau d’exigence







Il y a 2 familles de compositeurs/ arrangeurs/ réalisateurs professionnels

1

Ceux qui se destinent uniquement à arranger d'abord pour les autres, et gardent pour eux un projet plus intime plus perso à faire aboutir un jour.

2

ceux qui composent et arrangent pour leur propres projets en premier lieu, artistes eux mêmes ou faisant partie d'un groupe ou équipe artistique.

Dans les 2 cas, j'ai remarqué une différence d'exigence et de décontraction à avoir pour faire le boulot, qui est et devrait être identique dans les 2 cas.


Attitude 1


Quand c'est pour quelqu'un d'autre, le boulot est plus "facile" à appréhender quant aux idées à mettre en place, on utilise plus simplement ses références et son savoir-faire, on hésite pas à écouter la tendance actuelle pour proposer une écriture ou un arrangement dans le style du jour.

On ose des trucs, soit incongrus, soit putassiers et efficaces, parce qu'on a l'impression que la responsabilité finale revient à l'interprète. Libéré par cette responsabilité partagée, on a juste à faire attention que ça plaise à l'artiste et au producteur.


Attitude 2


Quand c'est pour soi, pour certains, la pression que l'on se met est très différente.

On prend cela très au sérieux, comme si on voulait absolument avoir son nom dans le dictionnaire. On hésite sur chaque syllabe d'écriture, chaque accord, chaque son, on veut à tout prix être unique , marquer les esprits, et être content de son travail pour l'éternité.


J'affirme que c'est l'attitude N°2 qui est la plus stupide.


Car sous des préoccupations louables et légitimes, de mon expérience, cela finit toujours par se retourner contre soi.

Perte énorme de temps, blocage, insatisfaction chronique, plaisir de faire son travail qui disparait, sessions interminables de studio que l'on doit refaire encore et encore, retard de livraison qui se compte en mois, et qui ajoute à l'angoisse, doute et doutes encore, jusqu'à l'infini, et jusqu'a dépression pour certains artistes.

Et surtout, perte du but premier, dans des méandres psychologiques ou la musique à partager est absente.

Mon idée est que l'exigence doit être constante. Quel que soit le travail que l'on fait, et pour qui on le fait. Et si on est sûr de soi, on ne fait pas de différence entre artiste tiers ou soi-même.

Peut on imaginer un producteur comme Brian Eno ou Trevor Horn ou Timbaland bâcler le travail pour les autres par rapport au sien ?

Et si on est sûr que l'on donne me maximum de sa créativité quand on s'adapte aux autres, pourquoi ne pas avoir la même attitude et la même décontraction pour son propre projet?

Car on va finir au même endroit. sur internet. Dans des playlist. Sur scène. Avec le même public globalement. Sauf si on est arrangeur de DUBSTEP et que l'on fait du jazz pour soi-même. mais c'est rare.

Et le public traitera de la même manière ce qu'il reçoit. Cela lui plait, ou pas.

Donc, si vous faites une différence entre les arrangements pour les autres et les vôtres, en termes de qualité j'entends, pas de style bien sûr, C'est soi que vous bâclez les autres, soit que vous surestimez votre propre projet.


Dans les 2 cas, c'est pas bon.


Il faut arriver à dissocier l'artiste, son discours musical, et la casquette d'arrangeur ou de producteur qui sont 2 visions différentes. C'est pour cela que tant d'artistes prennent des réalisateurs/arrangeurs différents. Un autre regard, un partage de responsabilité aussi, un autre éclairage par une personne sensée être plus en phase avec les goûts et usages du moment.

Si on fait les 2 jobs, il faut avoir ce regard détaché, comme un producteur externe, exactement comme nous pouvons l'avoir pour un projet extérieur que nous devons réaliser

et faire ce qu'il faut pour ne pas oublier le public et sa réceptivité. En gros , ne pas faire de la musique juste pour soi.

Parce que la musique pour soi devient dans ce cas une psychothérapie personnelle, dont peu de gens font cas.



La dernière chose, c'est l'impermanence du travail d'arrangeur.


Vouloir être à la mode, c'est bien sûr assumer qu'un jour on ne le sera plus.

Ne pas vouloir être à la mode, et devenir classique, c'est s'interdire d'explorer des choses.

Et si tout cela n'avait aucune importance ?

Combien de tubes ont été enregistrés à une époque où le son et les arrangements n'avaient pas la prégnance de maintenant, et qui sont devenus soit cultes, soit inécoutables ?

Quelle est la bonne démarche?

Celle de s'en foutre complètement sur la durée. On fait ce que l'on croit juste et agréable sur le moment, sans se soucier de comment ça va vieillir. Aucune importance.

Et si on a pas son nom dans Wikipedia, et alors ?

Imaginez Mick Jagger se crisper à chaque fois qu'il entend "Satisfaction" parce que le son est pourri et qu'il chante faux selon les standards actuels.

Imaginez INDOCHINE se tendre à l'écoute de " L'aventurier" à cause du son des années 80.

Et c'est cette décontraction face à la durée, allié à l'exigence d'un travail dont on est investi au maximum sur le moment, qui sont les bons ingrédients pour créer sans se rajouter de pression inutile.

Parce que dans 100 ans, moins pour certains, tout ceci nous paraitre bien dérisoire :)

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