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  • Photo du rédacteurErick

Un mixage à l'eau - Album "Rouge" FGJ





Série d'anecdotes vécues


1993, UNE ANNÉE MÉMORABLE.

Laissez moi vous raconter une histoire...


C’est la nuit du 22 au 23 septembre 1993, au Studio de la Blaque, près d’Aix en Provence...

Il n'existe plus de nos jours, mais c'est un magnifique studio résidentiel dans la pinède, style années 60/70 avec piscine, grand salon vitré, six ou sept chambres sur trois niveaux. Grande bâtisse avec un toit plat, le studio est au sous-sol avec un accès clos sur une cour/jardin en contrebas.

On a réservé pour 3 semaines, le temps de finir quelques retouches d’enregistrement avant mixage de l’album « Rouge » de Fredericks Goldman Jones.

Sont présents avec moi, Jean-Jacques Goldman bien sûr, avec son frère Robert, Michael Jones, Andy Scott l’ingé-son qui réalise l’album avec moi ainsi que le proprio des lieux Alain Perrier.



Tout est idyllique, en alternant les séances de travail, barbecues et plongeons dans la piscine. Il fait encore beau fin septembre dans la région.

Jusqu’à cette fameuse nuit.

Jean-Jacques est sorti voir des amis, il ne dort pas là ce fameux soir.



On se couche assez tôt, vers minuit, ma chambre est au rez-de-chaussée.


Vers 3h30 environ, je suis réveillé par des chatouilles sur le nez. Le temps d’ouvrir les yeux, je m’aperçois que ce sont des gouttes d’eau qui me tombent sur le visage.

Des gouttes d’eau ? Au milieu du lit, au rez-de-chaussée ?

Je me lève, pensant tout de suite à une fuite et prends les escaliers pour monter au premier étage.

L’escalier est inondé, et ça vient de plus haut. Arrivé au deuxième, Michael et Andy et sont debout en pyjama, essayant de comprendre ce qui se passe. On se précipite vers la salle de bain, d’où on entend un énorme bruit de jet d’eau.

Aucun tuyau n’est cassé, mais à travers les bouches d’aération du plafond arrive un flux gros comme le bras qui se répand partout jusqu’aux chevilles.


On commence à se réveiller et à réaliser...


On ouvre une fenêtre. Une pluie diluvienne est entrain de s’abattre sur nous. Jamais vu ça. Une tempête. La mousson indienne fait figure de crachin breton à côté de ce que l’on se prend sur le crâne.

Mais pourquoi pleut-t-il à l’intérieur ?


Le temps de comprendre. Le toit est plat. Il est bien étanche. Il est bien bordé par un muret de 30 cm de haut, étanche aussi, l’acrotère, dans lequel sont implantées les ouvertures des gouttières pour évacuer l’eau.

Mais voilà, on est en Provence et la pluie est rare. Les trous des gouttières sont bouchés par des ramilles de pins qui s’accumulent depuis des années. Seul un petit filet d’eau peut passer. Pas un déluge.


Le toit s’est transformé en piscine.


Mais la cerise sur le gâteau, c’est que les bouches d’aération des salles de bains et wc, qui sortent sur le toit, ont été posées par des maçons bras cassés, qui les ont faites plus courtes que la hauteur du muret.


La piscine se vide à l’intérieur de la maison.


Et nous voilà, Andy, Michael et moi, en slip sur le toit, en pleine nuit sous un déluge, à essayer de déboucher les évacuations des gouttières pour vider le toit.

Mais un autre problème arrive aussi. Encore plus grave.

Le studio d’enregistrement est au sous-sol. Pas bon. Alain le patron est en panique.

Tous les regards d’évacuation sont saturés. L’eau a déjà rempli les chemins de câbles dans le sol du studio. Toute la moquette est trempée. Ça suinte sur les murs.

Il faut couper le courant. Trouver un aspirateur à eau pour vider. Mais vider où ?

L’eau s’est accumulée derrière la porte extérieure du studio dans la petite cour. Son niveau dépasse de 20cm au dessus de la poignée. 1m20 de profondeur d'eau qui pousse la porte.

C’est une porte en métal blindée. Si elle lâche, c’est la fin du studio. La console SSL se retrouvera complètement sous l’eau.

L’idée est de casser avec une masse un des murs qui borde la petite cour pour évacuer l’eau plus en contrebas.

Mais taper avec une masse dans 1m d’eau froide sous la pluie, c’est pas drôle, ni efficace.

J’essaie de m’y atteler avec Alain, pendant que Andy et Michael finissent de casser les gouttières pour les détourner et qu’elles n’alimentent plus le réseau saturé.


Nuit rock’n’roll.


Finalement la pluie se calmera. Un voisin viendra casser le mur de la cour avec un engin pour évacuer l’eau devant la porte et on pourra rentrer prendre un grog.









Jean-Jacques est resté bloqué sur l'autoroute en voiture le temps du déluge, mais s'en sort sans problèmes.

On rentrera à Paris faire un break le temps que le studio soit remis en état. 1 mois de retard en tout.

On en profitera pour aller faire un dernier enregistrement à Moscou avec les chœurs de l’ex-armée rouge.

Avec encore une fameuse histoire, la nuit du 3 au 4 octobre 1993.

Dans un prochain chapître.

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1 Comment


Bonjour mon papa Alain était le propriétaire des lieux, si vous avez d’autres archives images ou histoires je serai ravie d’en avoir 😄

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