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Le compresseur audio, un outil créatif? part 2

Dernière mise à jour : 23 oct. 2020



Le 2ème exemple de créativité fortuite,

c’est le cas de la FM. La radio à modulation de fréquence.


Je dis fortuite, vous allez comprendre...


Avant, dès le début de la radio, la technique consistait à émettre en AM (modulation d’amplitude) sur grandes ondes. Ça permettait d’avoir un émetteur très loin, et couvrir de grandes distances avec le son. RTL basée au Luxembourg depuis 1933, RMC à Monaco en 1965, Radio Londres BBC pendant la seconde guerre mondiale. Les fréquences de diffusion s’étalent de 180Khz à 250Khz environ. France Inter couvrait la quasi-totalité de la France à partir d’un seul émetteur dans le Cher. A part France Inter, monopole d’état, toutes les radios étaient étrangères, d’où le nom de radios périphériques.



Le problème avec la transmission radio de ce type est que les faibles niveaux sont souvent mélangés à beaucoup de bruit de fond, ce qui ne dérangeait pas trop les écouteurs mélomanes, qui n’avaient souvent qu’un petit poste de radio en mono, et qui, de toute manière n’avaient pas le choix.

Le compresseur était donc utilisé pour réduire la dynamique et donc mieux transporter le signal audio avec un volume acceptable par rapport au bruit de fond.


La première radio FM, donc à émettre en modulation de fréquence, arrive à Nashville en 1945.

Entre nous, il ne devait pas beaucoup y avoir de clients, puisque personne n’était équipé de récepteurs FM.

Bref...

Les fréquences d’émissions de la FM sont beaucoup plus hautes que AM, puisque partout dans le monde, elles vont de 87,5 MHz à 108 MHz. Ce qu’on appelle la bande FM.

Ce qui nous intéresse ici, c’est de voir comment ça marche.


La modulation de fréquence consiste à envoyer un son à écouter sur une fréquence porteuse, et faire moduler cette fréquence en fonction du volume du son


Ça veut dire quoi en français ?

Une fréquence, on sait ce que sait. Par exemple une radio à une fréquence de 100MHz

C’est la fréquence de son onde porteuse, sa référence.


Si j’envoie un coup de caisse claire sur la fréquence porteuse, elle va s’écarter de part et d’autre de 100MHz en fonction du volume de ma caisse claire.

Cet écart s’appelle l’excursion, ou le swing en anglais. C’est extrêmement règlementé.


Interdiction d’avoir un swing de plus de 75Khz, soit 37,5 KHz de chaque côté de la porteuse.



Ça veut dire en vrai, qu’une radio comme France inter par exemple en FM, est calé à 87,6 MHz avec plus ou moins 37,5Khz. Donc 87,6375 MHz et 87,5625 MHz


Dans mon exemple Radio Mélomane, on a une plage de 99,9625 Mhz à 100,0375Mhz


Si tu dépasses le swing, tu tapes chez le voisin.



Ce n’était pas grave en France avant le 9 nov. 1981. Il y avait un monopole d’état sur la radio FM. Donc la bande était peu exploitée.

Mais avec l’explosion des radios libres, c’est la boucherie...

Le CSA attribue une fréquence à une radio, par exemple 100,3 Mhz pour NRJ à Paris

Si t’as un gros émetteur, tu vas toucher un peu plus loin, mais le volume de ce que tu émets reste toujours compris dans le swing autour de ta fréquence.


Si tu veux émettre plus fort que les autres, pour choper les clients, faut compresser, afin de remplir au mieux ton swing.

  • Entre parenthèses, la FM étant une onde plus haute que la radio AM, elle se propage moins loin. C’est physique. C’est pour cela qu’il faut beaucoup d’émetteurs pour couvrir un territoire. Et si les chaines radios n'ont pas la même fréquence selon les régions, c'est du à 2 raisons: Premièrement à la date d'attribution des fréquences par le CSA qui s'étale au fur et à mesure que se créent les réseaux, mais aussi au problèmes techniques qui adviennent quand 2 émetteurs se superposent à la même fréquence dans les zones bordures d'émission.

  • La seule Radio française qui émet partout à la même fréquence, c'est Autoroute info, pour des raisons évidentes, mais au prix d'un filtrage compliqué et couteux des émetteurs.

Mais le problème reste entier. Tu veux plus de volume perçu, va falloir compresser le son.


Sur les radios diffusant du classique ou du jazz,

donc destinés à un public mélomane, les patrons ont compris qu’il fallait quand même respecter un peu l’œuvre de l’artiste, et donc de diffuser un son quasi identique à l’enregistrement original, au risque sinon de courroucer l’auditeur. Donc le volume de ces radios est plus faible, parce qu’ils prennent en compte la dynamique de l’œuvre diffusée.


Mais les autres…


Pour que le son soit le plus fort possible tout le temps, il faut tuer la dynamique. Donc régler le compresseur de manière à ce que le signal sortant soit avec le moins de crêtes possible.

Donc régler le ratio à donf, le seuil à donf et monter le make up au maximum de ce que supporte l’émetteur (qui lui-même a un limiteur pour se protéger, et ne pas griller)

Et là, selon comment est réglé l’attaque et le release, intervient le fameux effet de pompage du son, à chaque fois qu’un coup de caisse claire ou de basse arrive.


Bref, le son FM n’a plus rien à voir avec la chanson originale.


Je me rappelle une anecdote avec Phil Collins qui vient promotionner son nouvel album dans les années 80 sur une importante radio parisienne dont je tairai le nom.

C’est NRJ.

En chemin pour l’interview, dans le taxi, il entend sa chanson diffusée par ladite radio.

Il est tellement choqué par le son qu’il entend, qu’il rebrousse chemin et ne fera pas l’interview.

A l’époque, j’avais pu visiter une station, SKYROCK je crois, et j’avais vu la salle des machines

Avec une série de BSS DPR402, réglés à donf, toutes les leds dans le rouge, impressionnant !


Avec ces compresseurs large bande, à chaque coup de kick et de basse le compresseur appliquait le théorème des inconnus : « tu me dis de le faire moins fort, je le fais moins fort » il coupait les aigus aussi, et au release tout revenait d’un coup. Le pompage.


Il fallait séparer les plages de fréquences avec des filtres, équaliser, et appliquer un réglage adapté pour chaque bande.

Depuis, sont utilisés des multi compresseurs dynamiques et des tas d’outils spécialisés pour la radio. Et chaque radio à son « son », c’est à dire ses réglages d’émission, jalousement gardés.


Mais paradoxalement, le mal est fait.


C’est que le grand public, lui, qui écoutait avant la musique sur des minicassettes, qui avait sa chaine stéréo branchée hors phase avec une enceinte dans la cuisine et une autre dans le salon, s’est toujours foutu du son en vérité. Seuls les pros et quelques audiophiles ont râlé.

Il a accepté ce nouveau son, puissant, compact, made in USA.


Et le temps a passé. Et maintenant je croise de jeunes créateurs qui aimeraient avoir un son comme NRJ dans leur home studio. C’est devenu un enjeu de création.


L’effet de pompage est même un artifice créatif dans la musique électronique, en utilisant le sidechain de certains compresseurs. C’est une bonne idée. Pourquoi pas ?


Le son FM. Est-ce un mal ? c’est comme ça.


Le radio FM est en train d’être remplacée par la DAB, la radio numérique. Ce qui doit permettre à terme de diffuser les œuvres telles que les ont créées les auteurs.


Mais le son FM est devenu un genre à part entière, puisqu’il habite nombre de créations qu’on peut écouter sur Spotify ou Deezeer.


Bel exemple de sérendipité. Quelques olibrius sortant de HEC qui créent un son qui doit être plus fort que les autres pour faire du blé, et qui devient un son de référence.


Voilà mes réflexions sur ma relation avec le compresseur de dynamique.


Il y aurait encore tellement de choses à dires et à raconter.

Un prochain épisode peut-être...

A bientôt

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